Tilou

Bilan des méringues 2013

Nous entamons cette semaine, la dernière ligne droite menant au carnaval national. Les grands ténors et les groupes les plus attendus ont déjà livré leurs œuvres. Normalement, on ne devrait pas en avoir d’autres. En tout cas, on n’en espère pas.

Le moment étant donc très favorable pour un bilan des meringues carnavalesques, je me propose de vous livrer mes impressions sur ce que j’ai écouté.

Cependant, je voudrais d’abord faire le point sur l’expression « Meringue Carnavalesque » que certains disent ne pas comprendre et que d’autres semblent utiliser à tort et à travers.

Méringue et Méringue carnavalesque

Le Compas que beaucoup disent être une adaptation du Merengue [prononcez Méringué] dominicain, aurait plutôt, selon, entre autres, Mario de Volcy (émission Mardi Alternative) et Thony Louis-Charles (Le Compas direct, édition 2003) son origine dans rythme ancien appelé la Méringue ; rythme qui aurait également donné naissance au Merengue voisin. Le terme « Méringue carnavalesque » ne serait ainsi nullement un pléonasme puisque l’adjectif carnavalesque préciserait alors que cette méringue aurait été composée pour la période du carnaval.

J’entends déjà certains rétorquer que le terme « méringue » deviendrait alors impropre à qualifier une composition Racine ou Rap. Peut-être.

Mais là encore, je pense que cela peut se comprendre. On ne s’est toujours pas mis d’accord que le rythme Compas Mamba de Coupé Cloué était du compas ou non. Mais on a toujours qualifié ses compositions carnavalesques de méringues. De plus, d’autres groupes jouant normalement du Compas, tel que le Bossa Combo, Legend ou même le Mizik Mizik, ont souvent proposé des compositions qui se démarquaient du rythme de Nemours. Mais comme c’était leur proposition pour le carnaval, ça ne gênait pas de les appeler méringue.

Ainsi, pour autant que le rythme ancien Méringue ne soit pas décrit, le terme « Méringue » verra son sens évoluer pour qualifier toute ouvre musicale proposée par un groupe à l’occasion du carnaval.

Toutefois, pour rester cohérent, il ne faudrait plus utiliser l’expression complète; d’autant plus que même les groupes dits compas se sont presque tous mis à jouer autre chose.

Revenons maintenant à cette année 2013.

Ceux qui me côtoient savent déjà que je ne la trouve pas du tout exceptionnelle. L’art la qualité et l’ingéniosité n’ont vraiment pas pris rendez-vous cette année encore. Si quelques rares groupes méritent d’être félicités soit pour avoir offert une méringue d’un niveau appréciable, soit pour avoir osé proposer quelque chose d’original, aucune méringue ne donne l’allure d’un futur classique. Vous savez de ce genre-là qu’on n’arrive pas à oublier, qui traversent les années avec leurs fraicheurs.

Nou Krezi, Zatrap, T-Micky, K-zino et Gabèl font partie des rares groupes qui semblent ne s’être pas contentés de faire comme tout le monde. RockFam et Barikad Crew sont restés fidèles à leurs lignes. Boukman Eksperyans n’a pas déçu en innovant encore, proposant un « techno-rara » témoignant du souci de ses membres pour la recherche dans le mélange des rythmes.

Il y en a d’autres que je trouve aussi d’un niveau acceptable. Celles, entre autres, de Septen, Tropic, Vwadèzil ne présentent pas d’aspect me dérangeant. Mais elles n’apportent non plus rien de particulier. Ce sont des bonnes méringues, mais restent assez ordinaires.

Par contre, Celles de Djakout #1, de T-Vice, de Kreyòl la et de Carimi me dérangent vraiment.

Je précise d’emblée qu’elles ne sont pas forcément les pires de l’année (Par exemple, celle de Pastè Blaze n’aurait jamais dû être diffusée si on s’en tient aux raisons de la censure de « Fè Wana Mache »). Mais vu la popularité de ces groupes et l’attente qu’elles suscitent toujours, elles sont celles qui m’ont le plus déçu.

Ces méringues-là ont plutôt l’aspect de pot-pourri qu’on n’aurait pas pris le soin d’arranger. Des morceaux qui s’emboitent à peine, des injures qui tombent du ciel, très peu de mélodie ou de refrain, dès fois pas du tout. Des copier-coller indécents.

À titre d’exemple : Kreyòl la reprend une partie légendaire de la méringue 1967 de Webert Sicot :

« Bon jan van, Fanatik van ».

Ce refrain qui vantait les prouesses de Webert Sicot au Saxophone avait été moqué par le rival Nemours Jean-Baptiste. Sur le parcours, le public chantait :

Alsibyad fè poum nan djòl Siko

Siko rele « men bon jan van. »

Oui, là ça avait un sens. Mais Kreyòl la y fait référence vraisemblablement pour répondre au petit sketch d’intro de la méringue de Carimi. Je me demande si beaucoup l’ont compris. Je ne vois pas trop le sens.

La méringue de Djakout, elle, bat tous les records avec ses « Tonnè boule m, tonnè Kraze m » de Pouchon et surtout ses fameuses « O Shit » sortis d’on ne sait où. Par-dessus le marché. Ils reprennent presqu’identiquement un solo de guitare de l’année dernière de leur rival…

Évidemment, les fanatiques qui ne trouvent jamais rien à redire de leurs idoles ne sont pas à court d’arguments pour les justifier :

« Kanaval Béton »

C’est la première explication et celle qui revient le plus souvent. Elle me fait toujours sourire. Comme si ceci empêchait cela. En quoi soigner une méringue carnavalesque, l’arranger et l’agrémenter de mélodies et de beaux refrains l’empêcherait de faire bouger la foule ?

Ceux qui prétendent cela n’ont peut-être pas connu Biberon du DP Express, Toto Bric-à-brac du Dixie Band ou même Mache sou yo de Sweet Micky. Mais « Bare vòlè du Djakout Mizik et Élikoptè du T-Vice ne sont pas si vieux que ça. Toutes ces méringues mettaient les foules en délire, mais personne ne peut s’en plaindre de mauvais arrangement ou de pauvreté de mélodie. En plus avec ces méringues-là, on voyait les gens se déhancher et se livrer à toutes sortes de transes alors que maintenant, les seules manifestations restent les « chemiz anlè » et les « bat men nou Pow Pow ! ».

« Se sa k Polémik la »

Cet argument-là m’a été sorti l’autre jour dans une discussion. 🙂 Franchement !

Pour l’histoire, je rappelle que la polémique a presque toujours fait partie du carnaval ayitien. Depuis Nemours-Sicot, elle a toujours joué les premiers rôles. Mais jamais, on n’a connu des groupes témoignant de tant de paresse dans leurs compositions.

Au début, les méringues entre groupes rivaux n’étaient pas essentiellement polémiques. Le groupe rival n’était jamais cité nommément. Chacun traitait un thème et s’arrangeait pour glisser dans son développement la « pointe» que le public lui-même se chargeait d’identifier et de traduire.

Même lorsqu’à partir de 1982, les méringues du DP et du Scoprio furent essentiellement constitués de « flèches » contre le groupe rival, la polémique tournait autour d’un thème qui était développé tout au long de la composition. (Ex : Zonbi, DP et Masanza, Scorpio 1983).

Gen yon pati ki move

Cet argument-là est servi quand il n’y a plus rien à dire.

Mais évidemment que qu’il y aura toujours une partie qui fait bouger. Quelle que soit la méringue, il y aura toujours une partie qui semble entraînante. Mais soyons honnête : quand on se retrouve à chercher une partie de la méringue pour en parler, c’est que la méringue elle-même n’est pas réussie 😉

Voilà donc le bilan que je dresse des méringues proposée cette année : quelques groupes tirent leurs épingles du jeu. Mais les plus attendus ont encore raté le coche. Vivement qu’ils se reprennent l’année prochaine.

N’ayant pas écouté toutes les méringues, je sais qu’il doit en exister d’autres qui mériteraient mon attention. Je reste donc ouvert à toutes suggestions.

En attendant, je souhaite à tous ceux qui feront le déplacement de bien s’amuser. Et à tous les groupes participants, je souhaite bonne chance. Une mauvaise méringue n’induit pas forcément un mauvais parcours de défilé.

Joyeux carnaval à tous.


GoudouGoudou, déjà 3 ans

Déjà 3 ans depuis ce violent séisme.
Que de souvenirs! Que de douleurs! Que de chocs!

Aujourd’hui encore, je ne peux repenser à certaines images, certaines scènes, sans revivre les émotions du moment. Vraisemblablement, ça me prendra encore un long temps avant que je ne puisse en parler sereinement. En attendant, je partage avec vous les liens de quelques textes qui suivirent cette expérience ô combien marquante.

12 janvier 2010 écrit le 12 février 2012
Mèsi Monnonk (Merci mon oncle) écrit le 25 février 2010
Expert-tease écrit le 12 mars 2010
Joumou pa donnen kalbas écrit le 18 juin 2010
Mèsi anpil anpil anpil écrit le 8 juillet (à l’occasion de mon anniversaire le 9)


Etat de droit…et gauche! ( ou retour vers le futur)

Ah! Que de mauvaise foi, de méchanceté dans notre petit pays. À voir comment nous traitons nos hommes politiques, réellement, nul n’est prophète en son pays.

Et presque littéralement hein! On se trouve de temps à autre un messie qui, chantons-nous, va guérir tous nos maux. Eh bien, une fois que les portes de la maison lui sont ouvertes, on lui demande de partir. Pour ensuite se plaindre de son absence.

Ah, je vous dis… nos hommes et femmes politiques méritent un peu plus de gratitude.

Bon, il est vrai qu’ils commettent parfois de toutes petites bévues, mais qui est parfait? Et puis on les accuse de bien des choses avec mauvaise foi.

Tenez: on dit souvent qu’ils ne s’entendent pas et que chacun d’eux ne défend que ses propres intérêts. Pourtant je ne suis pas certain qu’il existe autant de fraternité dans la classe politique ailleurs qu’ici.

Ah oui! La première chose à quoi s’attèle un gouvernement Ayitien après sa prise de pouvoir, c’est de réhabilité le régime décrié qui l’avait précédé.

Ainsi, Le Coq travailla à construire une nostalgie du temps de La Pintade. Son marassa, lui ayant succédé, avait réussi l’exploit de le remettre en selle avec son régime végétarien. Des nos jours, l’équipe « boule à zéro » semble inciter les fanatiques de son devancier à donner de la voix, alors que le muet avait été pourtant banni de toute la population lors de son départ.

J’entends aussi certains se dire déçus. Déçus parce que les hommes et femmes politiques ne tiennent pas leurs promesses. Non mais… Là! Quel mensonge!

On devait se débarrasser de nos habitudes dictatoriales, de cette affaire de « Chef »! Comment, n’est-ce pas ce qui a été fait avec le démantèlement de l’armée. Euh, certains policiers sont appelés chef, mais ce n’est que par abus de langage. Quant aux militaires étrangers présents sur notre sol, c’est pour faire beau. Pour la parade.

Quant à l’état de droit que semble encore rechercher certains, on l’a depuis quelques vingt bonnes années. Ce qui ne sont pas d’accords ne sont qu’insatiables. Depuis quelques années donc, tout est permis sous le soleil d’Ayiti.

Chacun fait ce qu’il veut quand il veut où il veut. Que peut-on demander de plus. On a le droit de tout faire!

Nos hommes et femmes politiques sont peut-être dwategòch, mais ça nous a donné tous les droits.

Tilou