Pa fè silans,…men ranje bouch ou ?

9 novembre 2017

Pa fè silans,…men ranje bouch ou ?

Depuis les dénonciations visant le célèbre producteur américain Harvey Weinstein, le monde (tout au moins sur les Réseaux Sociaux) s’est mis indexer les coupables de harcèlement et d’agressions sexuelles, surtout envers les femmes.

Cette campagne gagne aussi Ayiti. Loop Haiti, s’associant au groupe féministe Nègès Mawon, a lancé le mot-dièse #PaFèSilans (Ne te tais pas!) pour encourager les femmes à dénoncer les actes de harcèlement, d’agressions et d’intimidations dont elles auraient été victimes. C’est ainsi que plusieurs vidéos sont déjà en ligne, dévoilant des méfaits vécus par certaines.

LoopHaiti Video

Mais cette démarche peut-elle aider à trouver une solution au problème?

S’ il est vrai que l’ampleur de ce que vivent les femmes au quotidien n’ est pas bien appréciée (en tout cas, pas de tous), personne ne peut prétendre ignorer qu’elles se font souvent harcelées ou que certaines subissent des agressions sexuelles.

Or, les vidéos de LoopHaiti, ne disent QUE ça. Ces femmes viennent raconter leurs histoires, expliquent ce qui leur est arrivé mais ne citent pas le nom du coupable. Certaines se font violence pour reconstituer l’histoire et revivre des moments douloureux, mais prennent le soin de protéger la réputation de leur bourreau. C’est la même démarche que je dénonçais dans « Fraude sans fraudeur».

C’est compréhensible que dans le cas d’un drame familial, le coupable ne soit connu que par les proches ; que pour le public, le nom de l’agresseur soit omis pour protéger la famille, mais dans les autres cas, ça rend le témoignage inutile.

Ou, du moins, cela prend le sens d’une mise en garde aux potentielles victimes en les informant de ce qui peut leur arriver, sans pour autant s’adresser aux bourreaux. Exactement comme la recommandation d’un porte-parole de la police conseillant aux jeunes filles de ne pas se retrouver seules dans la chambre d’ un homme 😉

Pourquoi couvrir le coupable ? Pourquoi donner l’ impression de le protéger ? Par peur ? (peyi a glise!)

Au final, ça ne change pas beaucoup de la fillette qui se tait ou qui en parle à Maman mais n’accuse pas clairement Tonton Untel. Tonton Untel qui, une fois l’angoisse d’être pointé du doigt passée, ne recommencera peut-être pas avec la même fillette, mais fera certainement d’autres victimes.

Tilou

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