3 avril 2016

Ayiti chérie, Ayiti A.I.

(Ayiti ad interim)

Depuis la déchéance du dernier président à vie, notre pays semble enlisé dans le Provisoire. La stabilité, ce fruit devenu exotique depuis 1986, ne trouve plus de terre fertile à sa culture. Les échéances électorales n’étant pas respectées, les quelques scrutins ayant pondu au forceps des élus, ont aussi accouché de malaises perturbant les mandats, dans le meilleur des cas ; et dans les pire, les écourtant. Chez nous, seule la crise semble permanente.

Avec l’arrivée à terme du mandat de notre dernier président élu, et l’impossibilité jusque-là de lui trouver un successeur légitime, c’est tout le pays qui a basculé dans l’«Intérim».

Déjà l’institution électorale dont le sigle (C.E.P.) aurait dû signifier « Conseil Électoral Permanent » depuis 1987 n’est encore que provisoire. (Bon d’accord, ça ne compte plus: on s’y est fait. Depuis le temps, on a fini par ne plus croire dans la possibilité de membres permanents au sein de cette entreprise….euh institution (Pardon !)

Par contre, la promotion du président du parlement au poste de Président de la République a entraîné bien plus d’instabilité.

En plus d’être lui-même un président ad intérim, le parlement aussi se voit dirigé par un chef provisoire, puisque le poste n’étant pas encore comblé. Et comme pour souligner que nous nageons bien dans le règne de l’intérim, le gouvernement (forcément provisoire, puisqu’au service d’une présidence de transition) se présente avec une liste de ministères dont 5 sont tenus par des ministres A.I.

Ajouter à cela, ces postes doublement AI seraient réservés à d’autres parlementaires qui, déjà doivent avoir le regard tourné vers leur nouveau poste plutôt que de s’occuper de leur travail de législateur. (Je concède aussi que ça ne changera pas grand-chose au rendement du parlement 😉 )

C’est que ce parlement aussi ne sait pas si elle achèvera son mandat. Suite aux contestations des joutes ayant donné naissance à cette législature, certaines voix questionnent encore la légitimité de certains parlementaires quand d’autres réclament carrément la vérification des résultats et l’expulsion des dasomann.

Et comme pour enfoncer le clou, une rumeur (absurde, évidemment) circule sur les réseaux sociaux, annonçant qu’une proposition aurait été faite au voisin dominicain de nous annexer comme une province de sa république.

Au final, nous nous retrouvons avec un président de la République AI, un président du Sénat AI, un premier ministre et son gouvernement provisoires, ainsi qu’une législature sur la sellette (yon pye anndan, yon pye deyò) pour tenter de sortir du trou permanent ce pays qui, pour certains, n’en est encore un que provisoirement.

Tilou

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