15 octobre 2012

«Parce que je suis une fille»

Cette semaine, j’ai encore été pris de court par les Zorganisations*. La Zorganisation Mère a lancée le 11 octobre dernier la première journée internationale de la fille. Et oui ! La journée de la femme et celle contre la violence faite aux femmes ne suffisaient pas. Il fallait impérativement en trouver une particulièrement pour les filles. En Ayiti, le thème officiel dit: «Parce que je suis une fille». C’est les féministes qui vont être en joie !Bon, n’ayant pas l’esprit trop vif, je me suis posé une question essentielle: Qu’est-ce qu’une fille?

Evidemment ce n’est pas simplement un humain femelle, puisque toutes sont déjà à l’honneur le 8 mars. Alors, comme d’habitude le mot « Femme » est utilisé quand on parle de mariage, j’ai supposé qu’une fille serait une humaine célibataire!?

À moins que ça n’ait un rapport avec le sexe!? Ça concernerait donc toute humaine n’ayant pas encore copulé. Ne dit-on pas d’une vieille qui n’aurait jamais fait l’amour que c’est une « vieille fille »?

Et là, ça tiendrait bien la route. Les jeunes filles vierges étant en voie de disparition, ce serait tout à fait normal que l’on se penche sur leur survie. Comme c’est le cas d’ailleurs de toute espèce menacée.

Bon, ça fera quand même bizarre d’aller souhaiter Bonne journée des filles à madame Carmen, ma voisine de 82 ans, mais soit on est fille soit on ne l’est pas, je pense.

Le problème, c’est que dans toutes les interventions officielles, il était surtout question de la scolarisation, au mariage forcé et à la domestication des filles. Hmm… Je doute fort que madame Carmen soit donc concernée.

Pour éviter toutes ces confusions, je conseillerais au décideur de trouver plusieurs jours et de bien différencier les prétextes mis à l’honneur. On aurait alors une journée internationale des bébés femelles, une autre des fillettes, une autre encore des adolescentes. Pendant qu’on y est, ajoutons aussi une journée des postulantes aux universités, une des femmes au travail, une des femmes chômeuses, une des femmes mariées, une des divorcées et, explicitement, une des vielles filles.

Ca ne serait pas de l’excès, croyez-moi, car chacune de ses catégories vivent des réalités différentes des autres et bien parce qu’elles sont de sexe féminin.

Mais, un peu de patience suffira. Les Zorganisations ont dû penser ça bien avant moi.

Par contre, je leur suggèrerais de ne pas oublier la mère de deux enfants, l’un de chaque sexe. Ça ne doit pas être facile pour elle d’être sermonnée pour avoir choisi de scolariser son garçon au lieu de sa fille parce que, faute de moyen, un seul pouvait l’être à la fois. N’est-ce pas un peu cynique que de lui imposer un choix plutôt que l’autre? Cette pauvre mère aurait certainement préférée que tout cet argent mobilisé pour accoucher cette histoire de « Parce que je suis une fille » serve à subventionner justement la scolarisation de sa fille.

Mais bon, on ne va pas tout leur demander non plus. Déjà qu’elles offrent aux féministes une énième opportunité pour soutirer de l’argent aux bailleurs de fonds…

Et en plus, moi, en quoi ça me regarde cette histoire, « puisque je ne suis pas une fille » ?

* Zorganisation : Organisation internationale ne servant les intérêts que des grandes nations

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Commentaires

vadna georges
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La question du "genre" est le nouveau cheval de bataille des ONG en haiti, il faut cependant se questionner sur la plus pertinence d'avoir une journee de plus consacree a la femme "fille",(tiens aujourd'hui c est la journee de la femme rurale).
il faut certe encouragee les femmes a atteindre leur plein potentiel mais aussi surveiller toute deviance en favorisant un sexe plus que l'autre et en ne ciblant pas le probleme. Je crois que toute mere voudrait le meilleur pour ses enfants et voir ses enfants scolarises et que les fonds mobilises a creer ces journees a themes devraient etre investi dans un vrai systeme educatif adapte et abordable ou chacun trouvera sa place